|| Errance d'un voyage initiatique...

Le pays du Thé était calme, c'est le moins que l'on puisse dire. Des allées de terre et d'herbe verte, guidées par longues étendus de buissons et autres arbustes, sous un soleil fort de ses rayons mais d'une chaleur si peu opressante, sur fond sonore de silence et de chants d'oiseaux. Le décor rêvé pour se ressourcer et couler des jours heureux après des années de lapides et de meurtres. Il y pensait souvent, Mukurô, à ce jour où il prendrait sa retraite : sans doute choisirait-il un endroit comme celui-ci pour entammer la fin de sa vie, voir ses jeunes pousses grandir, aux côtés d'une femme qui saurait rattraper sa flemme et ses excès - n'oublions pas ses quelques vaches par ci par là. Oui, c'était ainsi qu'il se l'imaginait, somnolant et rêvassant à longueur de journées, loin des tracas et du sang. Ninja, c'était bien beau, mais pas pour ceux qu'on aime, encore moins lorsqu'on en connaît la face caché. Il n'aspirait ni à la gloire ni à la richesse, car elles n'étaient pas porteuses de paix et de calme. Entre des funérailles et son nom gravé dans l'histoire et une vie un peu plus longue et sereine, son choix était vite fait. Puissent les dieux l'avoir entendu.

Mais pour le moment, il en était tout autre. Revenons-en à l'instant présent, où les deux compères arpentent une petite colline, Mukurô portant sur son dos un bagage de la taille d'un sanglier, suant et grimaçant, et à ses côtés, Saïkyou, paisible, pipe en bouche et chapeau de paille sur la tête. A allure lente, ils atteingnirent bientôt le versant du coteau, surplombant une vaste plaine cachant un petit village aux allures traditionelles. Ils empruntèrent donc quelques petits troncs d'arbres enfonçés dans le penchant du mont, en guise d'escalier, le jeune Genin soulevant difficilement son fardeau, devancé par son senseï imparturbable. C'est là bientôt quelques nuages gris qui s'invitèrent, lançant ombre et gouttes sur le plateau, ce qui ne fut pas sans déplaire à Muku'. Il manqua par deux fois de s'étaler au sol devenu presque boueux, et accéléra le pas pour rejoindre son maître. Il travérsère bientôt l'enceintre du bourg, et poussèrent la porte de la première auberge qu'ils trouvèrent.
Sur le seuil de l'entrée, le Makura secoua sa tête pour en dégager les quelques gouttes qui l'ennuyaient, tandis que l'Ermite Félin lui, resta de marbre. L'endroit était plutôt propre, mais très fréquenté. On voyait quelques voygauers prendre leur pain, et quelques poivrots abuser du Saké. Le patron, derrière son bar, astiquait soigneusement ses verres, et la serveuse se pressait pour les clients, slalomant entre les tables. Deux ou trois gamins couraient et se chamaillaient, tandis qu'au fond de la pièce, un groupe de roublards à l'allure douteuse mastiquaient les restes d'un bol de brindilles ressemblant fort à du réglisse. C'est non loin de leur table que Saïkyou choisit de s'installer, dans un coin.

Mukurô déposa brutalement ses trésors au sol, et s'installa bruyamment, attirant l'attention sur lui. Saïkyou quand à lui, retira son chapeau, commandant un verre de Saké à la jeune femme, et un verre d'eau pour son élève - à son insu. On leur apporta leur remontant, pour une nouvelle scène de crise de la part du jeune Ninja mécontent du contenu de son verre. Le calme réapparut, ils sirotèrent un moment leurs boissons respectives. L'enseigne affichait complet pour ses chambres, et la nuit se promettait rude à la belle étoile pour nos deux héros.
Leur attention fut alors attiré par autre chose, la porte qui s'ouvrit violamment, et le plancher qui grinça sous le poids d'un gros bonhomme à capuche, accompagné de deux trois copains. Leurs manière et leurs allures en disaient long sur ces petits malfrats, qui lancèrent un regard de défi à l'assemblée. S'en prenant violament au patron et à sa serveuse, Saïkyou rappela son élève a l'ordre, lui expliquant sereinement qu'il devait apprendre à ne pas se mêler de choses qui ne le regardaient pas. Malgré les injustices dont étaient faites ce monde, il n'était ni un héro ni un Dieu, et devait se conduire comme quiconque le ferait : observer en silence. Serrang le poing en signe de rage, le jeune Konohadjin grinça des dents, et se rassit, sentant bientôt une présence l'approcher. Quelques secondes suffirent aux nouveaux arrivants pour s'en prendre à eux, pointant Saïkyou du doigt, marmonant et machant ses mots, et pointant le mur de son doigts graisseux, ou plutôt l'affiche présente, sur laquelle une photo accompagnait un imposant " WANTED : récompense pour la capture de cet homme ". Remontant ses lunettes sur son nez, l'Ermite Félin se rapprocha de la dite affiche, la fixant avec stupéfaxion, laissant place à un air niais et un sourire faussement gêné. A son tour, Mukurô porta attention au parchemin...